Soignantes et soignants : notre engagement pour la santé de toutes et tous
Nous sommes des soignantes et des soignants : infirmières, médecins, sage-femmes, aides-soignants, psychologues, chirurgiennes-dentistes, et autres professionnels de santé. Nous exerçons en libéral, à l’hôpital, en centre de santé, en Protection maternelle infantile, dans les Permanences d’accès aux soins de santé, dans les structures de prévention, au sein d’associations.
Notre mission première est de soigner et d’accompagner les patients tout au long de leur parcours de soins et de leur vie, dans le respect de leur dignité et de leur volonté.
Aujourd’hui, nous avons pleinement conscience du danger que la situation politique fait peser sur le maintien du droit à la santé pour toutes et tous.
Le droit fondamental à la santé, inscrit dans notre Constitution, est au cœur de notre pacte républicain. La santé est un droit humain fondamental et un pilier de la cohésion sociale. Toute politique discriminatoire, visant à restreindre l’accès aux soins pour certaines populations, est une attaque contre ces principes. Prendre soin de chacun c’est préserver la santé de toutes et tous : ce principe essentiel de notre profession ne peut être oublié.
Pourtant, les politiques d’extrême-droite mettent en danger la santé publique en affaiblissant la protection sociale et l’organisation de notre système de santé solidaire. Elles fragilisent les plus vulnérables et aggravent les inégalités. Les conséquences sont graves pour l’accès à la prévention et aux soins pour l’ensemble de la société. C’est pourquoi, face à ce péril, nous réaffirmons plus que jamais notre engagement. Dans le moment historique que nous vivons, notre boussole est notre serment de protéger la santé de nos patients sans aucune distinction, dans un souci d’égalité d’accès aux soins pour toutes et tous, et au regard de principes de santé publique humaniste.
Nous nous alarmons particulièrement de politiques dites de “préférence nationale” qui exacerbent les inégalités et risquent de fracturer davantage notre société, menant à des conséquences désastreuses pour la santé publique et la cohésion sociale. Déjà à l’œuvre, les restrictions de l’accès à la sécurité sociale et à l’aide médicale d’État (AME) pour des personnes en demande d’asile ou en attente de titre de séjour, pourraient se généraliser selon la majorité issue des élections législatives. Priver ces personnes de protection maladie, c’est laisser leur état de santé se dégrader, et les exposer à une prise en soin tardive avec des hospitalisations complexes et prolongées et une perte de chance médicale. Il s’agit d’un risque majeur de désorganisation du système de soins, d’aggravation des conditions de travail des personnels soignants et de surcoûts financiers importants. Par ailleurs, la survie de notre système de soins, déjà éprouvé par les crises successives, doit beaucoup à l’engagement de professionnels dévoués, dont un grand nombre sont étrangers. Nous ne pouvons accepter la privation de ces compétences précieuses.
Au nom de l’éthique, de la déontologie des professions de santé et des principes républicains d’intérêt général, nous n’acceptons aucune atteinte au droit fondamental à la santé et aucune remise en question de notre indépendance professionnelle. Nous refusons de choisir entre les personnes qui peuvent être soignées et celles qui sont abandonnées à leur sort. Nous refusons d’être instrumentalisés et de nous mettre au service d’une médecine du tri et de politiques différenciées et d’exclusion. Nous refusons la logique de bouc-émissaire selon laquelle l’exclusion des soins des plus précaires permettraient de résoudre les dysfonctionnements et insuffisances de notre système de santé. Nous nous engageons à protéger la santé de toutes les personnes qui le nécessitent, sans distinction, et à ne jamais renoncer à notre serment et à notre éthique.
Jean-François CORTY, médecin, président de Médecins du Monde
Julie CHASTANG, médecin généraliste, MCU à Paris Sorbonne Université
Corinne JAC, aide-soignante, Paris
Nicolas VIGNIER, médecin infectiologue
Isabelle DEFOURNY, médecin, présidente de MSF France
Rémi SALOMON, pédiatre hôpital Necker Enfants malades, APHP
Hada SOUMARE, infirmière, Saint-Denis
Arnaud VEISSE, médecin, directeur général du Comede
Anne-Laure FERAL-PIERSSENS, urgentiste, SAMU 93 – SMUR – Urgences, HUPSSD, Bobigny
Olivier MILLERON, cardiologue hospitalier
Catherine AUMOND, sage-femme, Secrétaire Générale de AIDES
Rémi LAPORTE, pédiatre infectiologue, coordination des PASS en PACA
Yasmina KETTAL, infirmière, centre hospitalier de Saint-Denis
Kendrys LEGENTY, fondateur de La fabrique des soignants
Sophie NAJAR, sage-femme, Marseille
Bruno RIOU, doyen faculté de santé
Laure DUCHET, infirmière de formation, cadre de santé
Matthieu LAFAURIE, médecin dans un hôpital public
Nathalie DE CASTRO, infectiologue, Paris
Frédéric VILLEBRUN, médecin généraliste et directeur de centre municipal de santé
Cécile NEFFATI, psychologue FPH psychiatrice adulte Draguignan
Antoine PELISSOLO, psychiatre GHU Henri Mondor
Chantal PRAT, médecin généraliste
André GRIMALDI, professeur émérite de médecine CHU Pitié Salpêtrière
Agnès MARCUZZI, infirmière puéricultrice en PASS, Marseille
François BOURDILLON, médecin de santé publique, Paris
Diana GALINDO PINEDA, médecin généraliste, membre de MSF
Pierre SUESSER, pédiatre, ex-médecin de PMI
Mady DENANTES, médecin généraliste
Cette tribune a été publiée dans Ouest-France.