L’asile en exil, un rapport de l’Observatoire Asile à Marseille
L’asile en exil
État des lieux de l’accueil des personnes en demande d’asile à Marseille 2017-2018
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L’effectivité du droit d’asile se mesure à l’aune de l’accueil réservé aux personnes qui fuient leurs pays. Au-delà de considérations politiques, économiques, éthiques ou morales, la définition de l’asile pose le cadre en ces termes : « lieu où l’on peut se réfugier pour être à l’abri d’un danger, d’un besoin ». Quel état des lieux de l’accueil réservé aux personnes en demande d’asile aujourd’hui à Marseille ?
Lors de la réforme de l’asile en 2015, le premier accueil des personnes en demande d’asile a été réorganisé, ce qui a contribué à dégrader un dispositif d’accueil déjà défaillant depuis de nombreuses années. Parallèlement à la réforme, le cadre d’intervention des Plateformes Asile a été profondément modifié par les tutelles étatiques et fait désormais l’objet de marchés publics. Les réformateurs n’ont pas pris en compte les besoins en termes d’accueil et d’accompagnement. Depuis, nous constatons au quotidien une importante détérioration des conditions physiques, matérielles et sanitaires de l’accueil des personnes en demande d’asile. Les dysfonctionnements du dispositif d’accueil provoquent une grande précarisation de ces personnes qui rencontrent de plus en plus de difficultés à faire valoir l’effectivité de leurs droits (hébergement, accompagnement social, accès aux soins, accès à l’alimentation…).
En raison de ce contexte préoccupant, des membres du Réseau Hospitalité1 ont impulsé à l’été 2017, la création d’un Observatoire Asile à Marseille en vue de réunir des associations, des collectifs, des chercheur.e.s et des militant.e.s, et de proposer un espace critique permettant d’énoncer et d’échanger sur les problématiques liées au dispositif d’accueil des personnes en demande d’asile. Certaines structures interviennent directement auprès de personnes en demande d’asile, d’autres sont généralistes ou spécialisées.
Le panorama, dressé entre septembre 2017 et mai 2018 à Marseille, illustre la détérioration des conditions humaines et matérielles de l’accueil des personnes en demande d’asile récemment arrivées en France. Cela entraîne la négation des principes d’hospitalité et la violation de droits fondamentaux. Les problèmes d’accès aux moyens de subsistance (nourriture), à la sécurité physique (un toit, un revenu) et à la santé s’additionnent et s’exacerbent, jusqu’à caractériser des formes d’abandon, de délaissement et de mise en danger de populations exilées.
Cet ouvrage, fruit d’un travail collectif de plus d’un an, dresse donc un portrait des conditions de “non-accueil” des personnes en demande d’asile à Marseille. Il met en évidence, à l’échelle d’une ville, les défaillances du dispositif national d’accueil et se propose d’être un outil de travail et de réflexion pour les différents acteurs et actrices de l’accueil des exilé.e.s.
1 – Le Réseau Hospitalité a été créé à Marseille en 2015. Il vise à mettre en synergie les organisations et les bénévoles impliqués sur le terrain. Le Réseau Hospitalité tire son origine du Réseau Sanctuaire, apparu en France en 2006, à l’initiative de plusieurs militant.e.s engagé.e.s dans l’accueil des migrant.e.s pour revendiquer un accueil digne et inconditionnel.