Étude : impact des violences de genre sur la santé des exilé(e)s
Le Comede publie aujourd’hui une nouvelle étude sur l’impact des violences de genres sur la santé des exilé(e)s, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France (BEH n°17-18/2019). Les données recueillies concernant les violences liées au genre subies par les femmes et les hommes exilés mettent en lumière à la fois la fréquence de ces violences et l’impact sur leur santé, dans un contexte de multiples facteurs de vulnérabilité. Pour une partie des personnes concernées, les violences sexuelles sont associées à tout le parcours de vie. La perpétuation de certaines violences jusqu’en France signe l’insuffisance ou la défaillance des dispositifs de protection théoriquement prévus, en particulier sur le plan de l’hébergement social et de la protection juridique. En favorisant notamment des espaces de parole rassurants, individuels et collectifs, les actions de prévention, de soin et d’accompagnement pluridisciplinaires doivent déconstruire ce sentiment de fatalité et intégrer la nécessité de la protection et de la « mise à l’abri », dans les dimensions psychologique, sociale, juridique et politique.
Résumé
Objectifs et méthodes – Cette étude a pour but d’évaluer la fréquence des violences fondées sur le genre parmi les personnes exilées suivies au Comité pour la santé des exilés (Comede), les caractéristiques des victimes, ainsi que l’impact de ces violences sur la santé. Elle se fonde sur des données recueillies auprès des 2 065 femmes, dont 449 femmes enceintes, et 3 816 hommes ayant bénéficié d’un bilan de santé et d’un suivi médical au Centre de santé du Comede entre 2012 et 2017, ainsi que des personnes suivies en psychothérapie.
Résultats et discussion – Entre 2012 et 2017 au Comede, des antécédents de violences de genre ont été retrouvés chez 30% des femmes et 4% des hommes. Ces violences sont plus fréquentes chez les jeunes et chez les exilés originaires d’Afrique subsaharienne. Elles sont très liées à la situation de vulnérabilité sociale, en particulier une partie des viols subis par les femmes ayant lieu en France. Les troubles psychiques graves sont particulièrement fréquents parmi les victimes (59% des femmes et 84,9% des hommes) et sévères sur le plan clinique, plus des trois quarts des patients concernés souffrant de syndromes psychotraumatiques et de traumas complexes. Les victimes de violence fondées sur le genre sont également plus souvent atteintes d’infection par le VIH et relèvent plus souvent d’une prise en charge pluridisciplinaire, incluant des soins ostéopathiques. Ces résultats corroborent en partie d’autres travaux réalisés sur le sujet, ces violences apparaissant notamment plus fréquentes parmi les femmes et plus sévères parmi les hommes exilés.
Conclusion – Cette étude met en lumière l’impact des violences de genre dans un contexte de multiples facteurs de vulnérabilité pour la santé, la perpétuation de certaines violences en France signant l’insuffisance ou la défaillance des dispositifs de protection théoriquement prévus. Les actions de prévention et de soins reposent sur la création d’espaces de parole rassurants, individuels et collectifs, dans un cadre pluridisciplinaire intégrant la nécessité de la « mise à l’abri » des personnes exilées.
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