Déclaration du premier Congrès mondial sur les migrations et la santé

Déclaration du 19 mai 2018 issue du premier Congrès mondial sur les Migrations, l’« Ethnicité » et la Santé

Le premier congrès mondial sur les migrations, les appartenances ethniques et la santé, réunissant 700 participants de 50 pays, est un tournant majeur dans le domaine de la santé publique, puisqu’il rassemble de multiples disciplines afin de promouvoir le dialogue et d’encourager la naissance de nouvelles idées relatives aux enjeux de la migration et du sort des populations indigènes et Rom.

Nous, participants originaires de 50 pays , réunis lors de ce premier Congrès mondial sur les migrations, la santé et les « appartenances ethniques » à Edimbourg du 17 au 19 mai 2018, déclarons :

Le fait de se déplacer au sein de, et entre divers pays, est, a été et sera toujours un comportement faisant intégralement partie de la nature humaine, de sa survie, de son succès et de sa prospérité.

Les mouvements migratoires dans leur diversité offrent de nombreux avantages à l’échelle globale, mais aussi nationale, lorsque les obstacles, souvent momentanés et associés à ces mouvements, sont franchis.

La santé et le bien-être sont grandement influencés par le contexte historique et politique, par la structure et la nature changeante de la population et par l’organisation des services offerts par la société.

Le dialogue sur des enjeux de santé, de migrations, d’ « appartenances ethniques » entre différentes populations est vital.

La manière dont les individus se définissent et se reconnaissent, ou la manière dont les autres définissent et reconnaissent certains individus, ont une influence déterminante sur les rapports de force, avec de nombreuses implications pour la société civile, la recherche, les politiques publiques menées, et appellent un débat continu.

Le racisme, la xénophobie, les préjugés, les discriminations, l’exclusion et l’exploitation ont des conséquences indiscutables sur la santé mentale et physique des individus et groupes d’individus, issus de minorités ou non.

Les individus les plus vulnérables, comme les victimes de tortures, de trafics d’êtres humains, les rescapés de migrations irrégulières, les demandeurs d’asile et les réfugiés, doivent faire l’objet d’une attention toute particulière afin de répondre à leurs besoins urgents et limiter les violences potentielles à leur encontre, notamment envers les femmes et les jeunes filles.

L’étude des différentes maladies, de leurs symptômes et de leur répartition offre une source vitale de connaissances scientifiques et d’enseignement pour la mise en place de politiques de santé et la pratique de la médecine.

Une approche interdisciplinaire est essentielle pour comprendre et résoudre les inégalités liées aux « appartenances ethniques », mais aussi pour assurer une action pertinente et des politiques conséquentes.

L’investissement dans les politiques de santé et les services de santé pour les minorités offre de nombreux avantages. Cet investissement va très souvent au-delà des simples bénéfices de santé.

Nous recommandons

  • L’abolition des barrières dans l’accès aux soins et la promotion de la protection de la santé de tous les individus en déplacement, dont ceux en situation irrégulière, doivent être prioritaires.
  • La pleine participation des migrants, des « minorités ethniques », et autres populations dans l’élaboration de politiques publiques, de services de soins, de prise en charge médicale et de la recherche, est vital.
  • La collecte de données pertinentes sur le sujet est demandée en urgence pour permettre la prise de décision des politiques à mener et des services à mobiliser, afin de résoudre ces injustices.
  • Une harmonisation et un accord à propos des définitions et des concepts doivent être réalisés à partir du consensus atteint lors de ce Congrès mondial.
  • Le renforcement de la collaboration entre les institutions, les organisations et les pays concernés doit être réalisé afin d’améliorer la santé des migrants et des minorités
  • Une société mondialisée doit intégrer l’ensemble du travail réalisé sur le plan académique, professionnel et communautaire, sur le sujet de la santé et des services de santé.